Quittant une Turquie en plein boom économique, ils rejoignent enfin l’Europe. Le vieux continent tient une place particulière dans l’itinéraire des deux explorateurs. Il représente l’apogée de la mondialisation et de la société de consommation de masse. Depuis la Roumanie où une personne sur deux n’a pas encore accès à un robinet d’eau, Loïc et Geoffroy traversent la Hongrie, la Slovénie et l’Italie, avant d’arriver en France.
En Europe, le développement des villes s’est souvent fait au détriment des terres arables et au prix d’un partage difficile de la ressource en eau entre les besoins domestiques et ceux du monde agricole. La ville prélève son eau soit en surface soit dans des nappes et la rejette ensuite après utilisation dans les égouts puis dans les rivières. La ressource se raréfiant et les différents écosystèmes souffrant d’une eau chargée en polluants, les municipalités sont aujourd’hui obligées d’avoir recours aux stations d’épuration pour traiter les eaux grises avant de les rejeter dans l’environnement. A Milan, un équilibre ingénieux a été trouvé pour que les eaux domestiques, une fois retraitées, servent aux paysans pour irriguer les champs à moindre couts.
Les Alpes sont passées dans l’émotion au col du Montcenis. A peine le temps de souffler qu’ils rencontrent à Lyon un expert en logistique dans un immense centre de tri européen. La société de consommation a littéralement transformé la distribution obligeant les grandes villes à se doter de gigantesque plateforme de stockage d’eau virtuelle ! Leur dernière nuit, nos deux protagonistes de l’eau choisisse de la passer sur le siège de leur side-car pour arriver de bonne heure à Rungis. Un boucher les attend de pied ferme pour leur parler de l’évolution du commerce de proximité. L’arrivée des hyper marchés, des pays émergents et l’essor des villes a bouleversé la donne de la production, de la provenance et donc de la distribution de la viande. Plus tard dans la journée, ils sont reçus par Jean Philippe un jeune entrepreneur qui a lancé une marque de jean’s bio refusant le principe de la collection saisonnière et ne proposant que deux coupes intemporelles. D’après lui, si tu veux être citoyen du monde, « ton jean tu dois l’user à mort» !
Les pays occidentaux sont les principaux bénéficiaires de la mondialisation mais paradoxalement ils ne paient pas le prix de leur empreinte sur l’eau. La question qui se pose aujourd’hui est donc de savoir ce qu’il faut faire pour préserver l’héritage des routes de la soie : continuer dans le consumérisme aveugle ou faire évoluer nos modes de consommations pour que ce trésor soit accessible à tous ?