En Roumanie, les frères se rendent compte que le puits est encore aujourd’hui le centre névralgique des villages. La « vie » de l’eau est bien différente pour ces tous nouveaux membres de l’Union Européenne, qui sont parfois obligés de boire l’eau directement du Danube. Ici, la culture d’économie de l’eau n’existe pas encore et une personne sur deux n’a pas accès à l’eau potable. Nous sommes au tout début des campagnes de sensibilisation de la population, qui dans sa majorité continue de croire que l’eau tombe du ciel à l’infini. Nous découvrons avec les frères « hydro-trotters » le principe ingénieux du puits à balancier.
Au Liban, dans les quartiers illicites de Bir Hassen à Beyrouth et de Wasta, au sud de Sidon, Loïc et Geoffroy rencontrent des habitants qui développent des systèmes parallèles pour avoir un accès à l’eau. Dans ces zones non reconnues par les pouvoirs publics, l’art de la débrouille au jour le jour devient une nécessité pour vivre. Les ONG qui viennent pallier le manque d’engagement des autorités tentent de sensibiliser la population aux règles élémentaires d’hygiène.
Le puits à balancier
Loïc et Geoffroy ont découvert toutes sortes de puits sur leur passage, mais les plus imposants restent les puits à balancier, aperçus pour la première fois en rase campagne en quittant Bucarest pour rejoindre les bords de la Mer Noire. À quelques mètres du puits se dresse un grand mât sur lequel est fixé un long balancier portant d’un côté le seau accroché à une longue corde, et de l’autre, un contrepoids. Pour descendre le seau, il suffit de tirer légèrement vers le bas la corde à laquelle il est attaché, ce qui provoque à l’autre extrémité la montée de la pierre. Pour le remonter une fois plein, le contrepoids de la pierre aidant, il suffit de tirer le seau sans faire d’effort. Le puits à balancier a des usages bien spécifiques : malgré son envergure qui le destine aux vastes plaines et aux grands espaces, il a été conçu pour puiser l’eau à de faibles profondeurs. Les paysans l’utilisent fréquemment dans leur champ pour une irrigation d’appoint ou pour remplir les mangeoires des bêtes. Le puits est doté d’un seau suspendu directement à la poulie, à côté ou au-dessus de l’orifice. Cette pratique permet de toujours utiliser le même récipient et d’éviter ainsi de polluer les nappes avec des seaux qui auraient été posés à même le sol, éventuellement en contact avec des déjections animales.