Sensibiliser l’ensemble de la population égyptienne, et en particulier la jeune génération, est devenu la priorité du gouvernement. A Assouan, l’école expérimentale francophone Naguib Mahfouz aborde largement le thème de l’eau dans ses programmes scolaires. Loïc et Geoffroy rencontrent les élèves de l’école, dont Marina Ashraf, 12 ans, qui a écrit un poème sur l’eau qui deviendra l’hymne officiel d’Hydrotour.

La traversée épique du Lac Nasser pour rejoindre le Soudan donne un avant-goût du joyeux désordre qui règne dans ce pays. Sur la route de Khartoum, les frères croisent une méharée convoyant vers l’Egypte… C’est-à-dire ? Un groupe de dromadaires destinés à l’abattage. Pour vivre dans les zones les plus arides du globe, ces animaux ont développé des aptitudes hors du commun. Pour pouvoir jeûner pendant trois semaines en parcourant jusqu’à 130 km par jour, le dromadaire fait des réserves dans les quatre poches de son estomac.

Loïc et Geoffroy rencontrent au Soudan des représentants d’Action Contre la Faim. L’ONG a débarqué dans l’urgence en 1988 à Khartoum. Dans ce pays en guerre civile depuis vingt ans, l’association vient soulager la vie des réfugiés installés dans les camps loin du Nil. Depuis que la crise est surmontée, elle souhaite transmettre la gestion de ses programmes à la population locale. Parce qu’un puits construit trop vite, sans la participation du village, reste un puits que la population ne s’est pas approprié et dont personne ne veut s’occuper.

Après avoir obtenu leurs laissez-passer pour traverser le Darfour, ils quittent Khartoum en direction du Tchad. Mais une souche d’arbre, cachée dans les hautes herbes du Nord Kordofan, stoppe net leur désir de découvrir l’Afrique noire francophone. L’occasion de rester un peu plus longtemps au Soudan, pour comprendre quel est ce trésor que renferme le baobab. Ils découvrent les hafirs, véritables réservoirs d’eau pour les habitants.


Le baobab, véritable château d’eau

Au Soudan, des villageois nous parlent d’un arbre étrange qui stocke de l’eau. Nous nous retrouvons nez à nez avec un baobab, appelé tabaldi au Soudan ! Pour les scientifiques, il s’appelle Adansonia digitata et fait partie de la famille des bombacées. Le baobab est un arbre naturellement creux, ce qui en fait un récipient idéal pour y entreposer de l’eau. Pendant la saison des pluies, l’eau qui coule abondamment s’accumule autour des racines de l’arbre. Alors, à l’aide d’une écope, on récupère l’eau dans un galon, pour la transvaser dans la cavité du trou. Une fois l’arbre rempli, une petite porte est fixée à l’entrée pour empêcher la poussière et les animaux curieux de pénétrer. La capacité de stockage d’un baobab peut atteindre 5 000 litres d’eau, de quoi subvenir aux besoins d’une famille de six personnes tout au long de la saison sèche, qui dure 6 mois!

Quand arrive la saison sèche, on se rappelle que l’arbre abrite un trésor. On répète alors le geste en sens inverse, pour s’approvisionner en eau fraîche !


Connaissez-vous la légende du baobab ?

À l’ombre du tabaldi, un vieil homme nous raconte une légende. « Il y a longtemps, très longtemps, le baobab poussait sur les berges d’un petit étang et dressait sa cime vers le ciel. Quand aucun vent ne soufflait, la surface de l’étang était lisse comme un miroir. Il se regardait dedans et se comparait aux autres arbres qui avaient des chevelures fleuries, de tendres écorces et des feuilles. Tous étincelaient de couleurs. Le baobab voyait tout cela dans le miroir et était malheureux. Ses feuilles à lui étaient minuscules, ses fleurs imperceptibles. Il était gras et son écorce ressemblait à la peau ridée d’un vieil éléphant. L’arbre invoqua Dieu et se plaignit. Mais Dieu qui l’avait créé était satisfait de son œuvre, distincte des autres, car il aimait la diversité. Il fit comprendre au baobab que sa diversité le rendait beau et unique et que dans son ventre creux il pouvait garder un trésor. Puis Dieu se retira dans les nuages, il voulait qu’on le laisse réfléchir en paix car la création des hommes lui causait déjà bien du souci. Mais le baobab ne cessait de se regarder dans le miroir et d’élever vers lui ses plaintes. Courroucé, Dieu descendit du Ciel, le déracina et lui retourna la tête dans la terre. Ainsi à l’envers, l’arbre ne se voyait pas et ne pouvait plus se plaindre ! »


Les Hafirs au Soudan

Les hafirs sont d’immenses réservoirs d’eau, creusés à même le sol. L’eau qui tombe pendant la saison des pluies est drainée dans les réservoirs, qui peuvent contenir jusqu’à 30 000 m3 d’eau. Elle passe ensuite par une série de filtres faits de sable et de gravier, avant d’arriver à des pompes à main. L’eau y est payante afin d’entretenir ces infrastructures. Malgré une évaporation importante, ce type de technique est salutaire pour la population.

La majorité des hafirs est cependant moins bien équipée. La population s’y approvisionne souvent directement, sans passer par des pompes. Plus gênant, le bétail vient y boire et s’y laver polluant ainsi l’eau des villageois, qui la boit sans la traiter.