En Inde, nos hydro-trotteurs nous offrent quelques instantanés de la vie d’une famille aisée de Thanjavur qui illustrent les ambitions et les traditions qui déchirent l’Inde d’aujourd’hui. Tous les fils sont partis suivre des études ou une carrière à l’étranger, tandis que leurs épouses restent au foyer pour éduquer les enfants et veiller sur les beaux-parents.

Entre 7h et 9h du matin, la pompe à eau est branchée. Les frères assistent à un impressionnant spectacle : les femmes et les enfants attendent en « file indienne » pour remplir leurs seaux, et ne portent pas moins de 10 litres sur la tête et 10 litres sous le bras, le récipient en plastique ou en métal coincé sur les hanches.

En observant ces habitants, Loïc et Geoffroy découvrent la réhabilitation des techniques traditionnelles. Au Kerala, des paysans ont préféré creuser des puits-tunnels dans la montagne pour faire couler l’eau grâce à la force de la gravité.

Les frères atteignent bientôt la Birmanie, appelée Myanmar aujourd’hui. Devant l’habitude des Birmans de recueillir l’eau de pluie, celle-ci a fait construire des réservoirs en brique pour récolter l’eau du ciel.

Arrivée au Cambodge, à Angkor. L’ancienne capitale du fastueux empire khmer, qui a prospéré pendant plusieurs siècles grâce à un réseau hydraulique particulièrement ingénieux qui permettait d’irriguer les terres les plus reculées, montre encore une fois aux frères l’importance de l’eau pour le développement. L’eau jouait dans l’ancien Cambodge un rôle dépassant les simples aspects pratiques de la vie quotidienne.

Après le Cambodge, cap sur la Chine où ils découvrent le barrage des Trois-Gorge et rencontrent l’ONG ID, deux expériences qu’ils revivront pour l’Expédition Yangsté.

Ils terminent ce voyage asiatique riche en découverte en Mongolie où ils se lient d’amitié avec une famille nomade, ils découvrent avec eux l’eau dans la tradition mongole.


Un aperçu des techniques traditionnelles en Inde

Geoffroy et Loïc découvrent la réhabilitation des techniques traditionnelles en Inde. Utilisés pendant des siècles dans le sud de l’Inde pour l’irrigation des cultures, puis délaissés au profit de l’exploitation intensive des nappes phréatiques, les tanks (mot anglais signifiant citerne, qui est resté après la colonisation), réservoirs d’eau traditionnels, sont progressivement réhabilités dans les pratiques agricoles et domestiques. De plus en plus d’agriculteurs prennent conscience de l’intérêt de coupler l’eau du sous-sol à celle des réservoirs. La réhabilitation des « tanks » doit prendre en compte les habitudes de la population et intégrer un programme de sensibilisation efficace. Dans cette Inde à plusieurs vitesses, cohabitent deux méthodes de calcul de la profondeur d’une nappe : l’intuition du sourcier qui avance avec sa baguette en laiton et les études de terrain du géologue.


Les puits horizontaux ou tunnels d’eau

Dans le Kerala, sur la côte ouest de l’Inde, nous découvrons un puits horizontal. Pour récupérer l’eau qui s’infiltre dans le sol, un tunnel de près de soixante mètres s’enfonce, à l’horizontale, dans la montagne. L’eau est stockée dans un réservoir que la famille a posé sur le toit de sa maison, ce qui lui permet d’avoir de l’eau courante. Grâce aux puits tunnels, nul besoin de pompe ou d’effort manuel : c’est la gravité qui se charge d’acheminer l’eau.

Certains profitent de ces puits horizontaux autrement. Ainsi, Narayanan a construit un puits-tunnel en contrebas de sa maison. Il lui sert pour se laver et irriguer son champ. En saison sèche, la montagne lui fournit jusqu’à 500 litres d’eau par jour !


En savoir plus sur la Birmanie

Les frères atteignent bientôt la Birmanie, appelée Myanmar aujourd’hui. Le pays est dirigé par une junte militaire qui règne sans partage depuis presque soixante ans. Depuis quelques années, le pays commence à ouvrir ses frontières aux touristes et à certaines associations, comme l’ONG AMI. Devant l’habitude des Birmans de recueillir l’eau de pluie, celle-ci a fait construire des réservoirs en brique pour récolter l’eau du ciel. La population n’attend pas une eau conforme aux recommandations de l’OMS, mais simplement une eau saine en quantité suffisante.


Cap sur la Chine

Cap sur la Chine, où plus de 100 millions de personnes vivent avec moins d’un euro par jour. À cette misère s’ajoute le manque de superficie cultivable pour que les 490 millions de paysans puissent décemment vivre de leurs terres. Au niveau local, des solutions simples existent. Elles permettent d’améliorer considérablement le quotidien des « sacrifiés du développement ». De même que les Occidentaux n’ont plus conscience de boire une eau potable au robinet, une grande partie des Chinois n’a pas conscience de boire une eau dangereuse pour la santé. L’ONG ID explique aux frères quels sont les enjeux et les défis de l’aide pour l’accès à l’eau en Chine.

Rêvé par Sun Yat Sen, père fondateur de la Chine moderne, puis par Mao Zedong, Deng Xiaoping et Li Peng, le barrage des Trois Gorges est au système communiste chinois ce que fut la Grande Muraille à la dynastie Ming : un symbole de puissance et de cohésion nationale. Pour Loïc et Geoffroy,  c’est l’occasion de se rendre compte du désir inassouvi de l’homme de dominer la nature, comme l’illustrent ces paroles du Grand Timonier : « Que les montagnes s’inclinent, que les rivières se mettent de côté. J’ordonne aux trois montagnes et aux cinq gorges de me laisser passer ! »

Ils retourneront en Chine pour suivre le cours du Yangtsé Kiang


L’eau dans la tradition mongole

Ultime étape pour Loïc et Geoffroy : la Mongolie, pays aussi vaste que désertique, qui apprend à s’ouvrir au monde. Entre son souhait de maintenir une certaine indépendance face à l’appétit des Chinois et la nécessité de sauvegarder son environnement et son mode de vie, sa marge de manœuvre est étroite. Elle ne peut compter que sur trois sources de revenus : le cheptel, les mines et le tourisme. Les frères aventuriers se lient d’amitié avec une famille mongole qui leur fait partager leur mode de vie.

Dans la tradition mongole, on dit que l’eau est animée. Pour faire fuir les dragons et les esprits maléfiques qui dorment dans l’eau, on doit toujours la faire bouillir avant de la boire. Dans ces régions reculées, mythes et croyances jouent le rôle de la science : ils permettent de préserver la santé de la population en se substituant à des règles d’hygiène qu’on ne savait pas expliquer. En faisant bouillir l’eau, les Mongols éliminent les bactéries et protègent leur santé : les traditions ancestrales sont donc salutaires pour tous. Nous nous apercevons ici que les clés de lecture de notre civilisation, fondées sur la science et les explications rationnelles, ne sont pas les seules valables. Les légendes représentent d’autres outils de compréhension qui peuvent être légitimes, si elles permettent de justifier des rites qui encouragent les bonnes pratiques pour la santé et pour l’environnement.